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Samedi 23 février 2002
Jaguar rimerait donc avec
retard ! Tous les professionnels de la F1 s'accordent à le dire : la
clef du succès réside d'abord dans la stabilité. Une stabilité que le Jaguar
semble s'évertuer à fuir. En douze mois, l'écurie de Milton Keynes a plus été
en première page de l'actualité pour ses frasques que pour ses résultats. De
l'affaire Bobby Rahal à l'épisode tragi-comique Newey en passant par l'éviction
de Burti, la liste des remous est longue.
Dernière secousse en date chez les Verts : le limogeage de
Steve Nichols, l'un des artisans du plus grand succès d'une monoplace dans
l'histoire de la F1 : la McLaren-Honda victorieuse à 15 reprises en 1988.
Un tremblement de terre qui pourrait atteindre les fondations
de l'usine de Milton Keynes. Voici donc Jaguar privé de directeur technique à
l'orée de la saison 2002. Chez Jaguar, on assure que Gunther Steiner assurera
l'intérim jusqu'à la nomination d'un nouveau directeur technique…Cette décision
à de quoi surprendre à plus d'un titre.
Tout d'abord car le problème de jeunesse de la R3 résidait
dans un mauvais calibrage de la soufflerie, une erreur non imputable à Steve
Nichols. Ensuite parce que la dernière-née de Jaguar présente le gros
avantage d'être très réactive et de répondre aux modifications apportées,
une qualité recherchée pour une F1 moderne et qui prouve que le dernier cou de
crayon de Nichols et John Russell n'est sûrement pas à raturer brutalement.
Enfin, avancer que l'ancien directeur de Ford Rallye, qui ne possède aucune expérience
de la F1, sera en charge de l'aspect technique de la R3 peut laisser rêveur…
En plus de son instabilité chronique, Jaguar doit
aujourd'hui faire face à un retard dans son programme de développement. Loin
de jouer les premiers rôles lors des essais hivernaux, la R3 part avec une
longueur de retard sur des écuries comme Sauber ou McLaren, qui ont
consciencieusement limé le bitume sur toutes les pistes d'essais.
De la rapidité de réaction de Jaguar pour combler son
retard dépendront ses résultats 2002. Les grandes écuries sont réputées
pour avoir une capacité de réaction optimale ; Jaguar tient là un bon test !
La R3 est de plus loin d'être avare en qualités. L'aérodynamique a considérablement
évolué - merci Steve Nichols - beaucoup plus fouillée que celle de la R2. Une
cure d'amaigrissement a également permis à la dernière création de Milton
Keynes de perdre 35 kilos par rapport à sa devancière. De quoi obtenir un
centre de gravité très bas et jouer à loisir sur les lests et leur répartition.
La plus grande question réside en fait dans le V10 Cosworth,
le seul moteur de sa génération - hormis l'Asiatech - à ne pas avoir sacrifié
à la mode et ouvert son angle. Puissant en 2001 - il ne rendait même pas 10
chevaux au Ferrari et était plus véloce que le Mercedes et le Honda - le bloc
américain aura certainement pour lui la fiabilité. Conservateur, ne sera-t-il
pas dépassé par la concurrence ?
Côté pilotes, Jaguar possède une paire complémentaire.
Eddie Irvine et Pedro De La Rosa, l'eau et le feu. Deux pilotes extrêmement
rapides et fiables, dotés d'un solide bagage technique. Une saine émulation règne
chez Jaguar, maintenant que ses deux pur-sangs ont compris comment mieux appréhender
la personnalité de l'autre.
Encore en retrait en performance pure, Jaguar n'aborde pas au
mieux la saison 2002, mais devra relever un joli défi à sa portée, dont elle
ne peut ressortir que grandie et plus forte. Eddie Irvine ne se fait pas
d'illusion sur le début du championnat mais entretient l'espoir de mêler le
museau de son Jaguar à la lutte pour les points une fois le retard comblé.
Le patron lui ne place pas la barre très haut…" Nous
ne devons pas gagner le titre cette année, nous devons juste faire mieux que
l'année dernière ".Gageons que les
ambitions du constructeur américain sont nettement plus élevées !
Les plus de Jaguar :
- Budget et moyens techniques très importants
- Le V10 Cosworth, performant et fiable
- Irvine et De la Rosa, pilotes d'expérience
Les moins de Jaguar :
- Compétitivité incertaine de la R3
- Instabilité chronique du personnel en place
- Départ de Steve Nichols
- Qu'en est-il du soutien de Ford ?

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