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Lundi 01 juillet 2002
Quel est l'avenir des petites écuries
en F1 ?
On parle de plus en plus de la disparition des équipes Minardi et Arrows,
mais pourquoi ? L’histoire de la F1 est faite de passion, d’amateurs, de
plaisir, d’artisanat. Mais que reste t’il de tout cela à l’heure
actuelle ? La Formule 1 est-elle condamnée à devenir un business ? La
vitrine technologique qu'est ce sport, se transforme t’elle en galerie
d’exposition pour les grands constructeurs ? C’est à voir …
Dix ans, cela parait long mais ce n’est pas si lointain.
En 1992, Nigel Mansell remporte le championnat sur Williams. Cette année là,
des équipes comme Tyrrell, Venturi, Lotus, Footwork ou encore Brabham
participent à l’intégralité du championnat. Ces petites équipes
n’avaient presque aucun budget, elles subsistaient tant bien que mal grâce
à des ingénieurs passionnés, qui passaient leurs nuits à travailler sur les
voitures, mais elles étaient là ! Que reste-t-il de cette passion, de cet
artisanat ?
En quelques années, le nombre d’équipes rachetées par
un grand constructeur est impressionnant. Stewart devient Ford, Benetton est
rachetée par Renault, Tyrrell est reprise par BAR qui est en fait dirigée par
Honda, et Toyota a racheté la place libre encore laissée vacante. Mais au
niveau des moteurs, les grands constructeurs ont encore plus de pouvoir. BMW
à imposer son nom aux côtés de Williams, Mercedes est maître chez McLaren,
Honda domine chez BAR et Jordan, … La seule équipe actuelle qui ne soit pas
sous la main mise d’un grand constructeur est Minardi. Les moteurs de la «
petite Scuderia » sont fournis gratuitement par Asiatech, un groupe
financier occulte qui désire posséder sa propre équipe d’ici deux ou trois ans.
Mais la problématique réside dans le fait que les gros
groupes financiers qui investissent dans la F1 ont des ressources presque
illimitées et que les petites écuries n’ont pas les moyens de contrer ces assauts. Pourtant le savoir-faire est là ! L’exemple le plus flagrant de la
saison 2002 est la comparaison entre les équipes Arrows et Jaguar. L'écurie
Jaguar est en fait financée par Ford, le géant américain de l’automobile.
Depuis le début de cette saison, Arrows achète et utilise les mêmes moteurs
que Jaguar, qui sont fabriqués par une filiale de Ford : Cosworth.
Arrows possède le plus petit budget en F1, et
doit en plus payer les moteurs Ford. Jaguar possède un compte en banque inépuisable,
reçoit ses moteurs gratuitement et a engagé les ingénieurs les plus réputés.
Constat à la mi-saison : Arrows est presque toujours devant Jaguar en
qualification alors que les verts pataugent dans des problèmes politiques
interne. Mais voilà, Arrows risque de disparaître à la fin de cette saison,
tout comme Minardi, suivant l’exemple de Prost Grand Prix l’année dernière.
Les industries arrivant avec leurs millions de dollars,
leurs bureaux d'étude, leur prestige et leur suffisance mais traînent les
pieds dans des problèmes de politique interne, de conflit d’influence.
Elles clament que Bernie gère mal les finances de la F1 et lui réclament
plus de bénéfices ! Les résultats récoltés par BAR et Jaguar sont éloquents
!
Quand on lui parle de la disparition de deux équipes pour
2003, Bernie propose la solution, sa solution ! Il déclare que les équipes
pourraient engager 4 voitures en course au lieu de deux. Si 4 Ferrari, 4
Williams, 4 McLaren et 4 Renault se trouvent sur la grille, y a t’il encore
une chance de voir un Sauber ou une Jordan dans les points ? Après avoir détruit
les petites écuries, la F1 va-t-elle éliminer aussi les moyennes équipes ?
Max Mosley a lui aussi proposé une solution, plus
rationnelle mais comportant aussi de graves problèmes. Le président de la
FIA déclare que l’on pourrait permettre aux grandes équipes de revendre
leur matériel en fin de saison. Minardi pourrait utiliser les suspensions
Williams de l’année précédente, sans être obligée de produire les
siennes et donc devoir supporter un coût de fabrication pour la voiture bien
moins élevé. Si ce procédé réduirait les frais, il creuserait encore un
peu plus l’écart entre les grands et les petits, et donc reléguer définitivement
les moins bien lotis à un rôle de figurant.
Personne ne possède de solution miracle à ce problème,
mais tout le monde souhaite faire quelque chose. Voir certains gaspiller des
sommes considérables alors que d’autres travaillent dur et efficacement
mais malheureusement sans jamais pouvoir obtenir le résultat mérité. Reverrons-nous
un jour un championnat où les millions de dollars dépensés, n'auront aucun
enjeu pour la victoire ?
Cet article a été écrit par Hugues Renard,
alias hyoux.

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