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Jeudi 27 juin 2002
Ferrari ternirait telle l'image de la F1 ?
Equipe mythique de l'histoire de la F1, la réputation
de la Scuderia Ferrari est tombée de haut depuis quelques semaines. Les
rouges sont passés par bien des stades, de la victoire au fond de grille, de
la richesse au dépôt de bilan, mais jamais le cheval cabré ne s'était fait
huer par les spectateurs pour avoir gagné.
L'histoire actuelle de la Scuderia remonte à 1994. A cette
époque, Ferrari est dans le creux de la vague et ne rapporte plus aucun résultat
à la maison. C'est alors que Lucas Di Montezemolo, remplaçant d'Enzo Ferrari
à la tête de la Scuderia, fait appel à Jean Todt. Le petit français est à
l'époque connu pour ses résultats avec Peugeot en rallye et aux 24 heures du
Mans. Jean arrive à Modène avec des ambitions personnelles énormes, et il
n' acceptera aucune défaite. Force est de reconnaître que la réussite actuelle
de Ferrari est la sienne. Après avoir modifié entièrement la structure
interne de Ferrari et construit une écurie faite pour la gagne, rien ne
pouvait plus l'arrêter. Quand il était devenu évident que les rouges étaient
une équipe en pleine progression, Jean Todt réalisa un des plus beaux coups
de sa carrière : il engagea le meilleur pilote du plateau, le double Champion
du Monde en titre, Michael Schumacher. Non seulement Schumi, mais aussi toute
la crème des ingénieurs qui avaient été champions avec lui chez Benetton.
Jean avait construit l'équipe avec comme objectif de
l'ajuster autour d'un homme. Quand Michael arriva à l'usine, cela fut chose réglée.
Schumacher était devenu, en quelques mois, le centre de la plus célèbre
marque automobile du monde. Les équipiers de l'Allemand n'ont jamais eu qu'un
rôle secondaire, car personne n'a le droit de faire de l'ombre au "baron
rouge".
Il faut bien l'avouer, cette tactique a porté ses fruits !
Ferrari est devenue une formidable machine à gagner ! Mais que c'est-il passé
pour en être arrivé à un point tel que, dans l'esprit des dirigeants de la
Scuderia, seul Michael Schumacher est en droit de remporter un grand prix ?
Jean Todt est devenu complètement fou à force de vouloir tout gagner ! Affolé
à l'idée de voir ses deux pilotes se batailler entre eux, il a voulu tout
diriger, tout contrôler. Dans son esprit, son équipe contrôle la Formule 1,
et c'est là qu'il se trompe lourdement !
La F1 n'est pas au service de Ferrari, mais bien le
contraire ! Le championnat pourrait très bien continuer sans Ferrari, et il
faut que tout le monde en prenne bien conscience. A ce sujet, la sanction
prise contre Ferrari ce mercredi 26 juin a été décevante. Pour rappel,
Ferrari a été condamnée à payer 1 million de dollars, dont la moitié avec
sursis, ce qui est ridicule face aux 302 autres millions de son budget. Si
Ferrari s'était vue infligé une suspension pour une ou deux courses, cela
aurait remis les idées en place à beaucoup de gens. Mais nous sommes dans un
monde démocratique, et la faute proprement dite, la stratégie d'équipe et
la cérémonie du podium trafiquée, ne méritait pas une telle sanction.
Officiellement, il n'y a donc pas de raison de pénaliser
Ferrari plus que d'une amende, mais il faut faire quelque chose. La crédibilité
de la Formule 1 est atteinte, et il ne faut pas laisser passer cela ! Il est
temps de prouver qu'une poignée de personne ne peut pas décider du sort d'un
sport réputé et vieux d'un demi-siècle.
Des images comme celle des centaines de spectateurs piétinant
leurs casquettes Ferrari ne devraient plus jamais apparaître. La Formule 1 ne
mérite pas ça, Ferrari ne mérite pas ça, et les milliers de fans de F1 non
plus. L'ambition sans limite d'un homme va-t-elle entraîner dans sa chute une
équipe, une marque, un grand champion, et toute une institution sportive ?
Non, cela ne peut pas se passer comme ça !
Cet article a été écrit par Hugues Renard,
alias
hyoux.

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