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Lundi 13 mai 2002
Réaction sur l'acte de
Ferrari Hier, à
la fin du Grand Prix d'Autriche, plus précisément dans la dernière ligne droite
des stands, Rubens Barrichello, contraint d'obéir aux ordres de Ferrari, laisse
passer Michael Schumacher.
Face aux vives réactions
des spectateurs qui ont désapprouvé cette action de Ferrari, car cela à gâcher
le Grand Prix car Barrichello méritait franchement de gagner cette course après
avoir dominé durant tout ce week-end ; Jean Todt s'explique :
"Nous avons pris cette décision tout simplement
parce que Michael avec 44 points, alors que Rubens n'en avait que 6, a plus de
chances de prétendre gagner le titre. On est dans une période faste, mais nous
ne sommes pas certains à onze courses de la fin que la situation restera telle
quelle. Donc nous préférons assurer. Cette décision est d'une extrême prudence,
mais le passé nous a appris à être prudents. N'avons-nous pas perdu des titres à
la dernière course à plusieurs reprises (1997, 1998 et 1999) ? Les choses ne
sont jamais acquises. Cela nous a appris à prendre des décisions qui sont
peut-être impopulaires mais rationnelles. Nous l'avons prise en notre âme et
conscience. La victoire revient à Rubens, les dix points reviennent à Michael.
Moralement Rubens est le vainqueur comme lorsque Mika Salo avait laissé gagner
Eddie Irvine à Hockenheim, ou quand Michael, après son accident de Silverstone,
avait laissé gagner Irvine en Malaisie. Cela s'est déjà produit avant dimanche.
Il y aura un retour pour Rubens."
De l'autre côté,
plusieurs responsables d'écuries de Formule 1 ou anciens pilotes ont vivement
critiqué le comportement de Ferrari qui a ordonné à son pilote brésilien Rubens
Barrichello de laisser gagner son coéquipier.
Gerhard Berger (ancien pilote autrichien de F1 et directeur sportif de
BMW): "Cela a été une très mauvaise décision de Ferrari.
La course a été clairement manipulée, la Fédération internationale automobile
(FIA) se doit de réagir".
Norbert Haug (directeur sportif de McLaren Mercedes):
"Tous les fans du sport automobile ont été déçus
aujourd'hui".
Flavio Briatore (directeur de l'écurie Renault):
"Ce que Ferrari a fait aujourd'hui est anti-sportif".
Hans-Joachim Stuck (ancien pilote allemand de F1):
"Je suis scandalisé. Je n'ai encore jamais vu un
comportement aussi anti- sportif. C'était se foutre du monde et tout cela pour
quatre points au classement du Championnat du monde".
Patrick Head
(directeur de l'écurie Williams BMW) : "Je me sens désolé
pour Rubens et je dois dire que c'est le comportement le plus cynique que j'ai
connu en 27 ans de carrière en F1. Nous essayons de crédibiliser la
compétition automobile, mais ce que Ferrari a fait en Autriche est plus proche
du cinéma que du sport. Je pense que pour une équipe comme Ferrari, quand vous
disposez d'une voiture aussi brillante, vous avez certaines obligations envers
la Formule 1 et envers les spectateurs, ce qui doit vous pousser à respecter ce
sport. Quand nous-même disposions d'une voiture compétitive, nous avons toujours
respecté la loi de la piste. Nous avons une obligation envers le public et notre
sport et cette obligation est plus importante que n'importe quel contrat signé
par Michael Schumacher. C'est la première fois que je vois en F1 un vainqueur
hué par la foule. L'issue de ce Grand Prix est la plus pathétique que j'ai
connue."
Suite
à ses vives réactions de toutes parts, l'écurie Ferrari ainsi que ses pilotes
Michael Schumacher et Rubens Barrichello ont été convoqués pour le 26 juin à
Paris devant le Conseil mondial du sport automobile suite aux "incidents" qui
ont marqué la fin du Grand Prix d'Autriche dimanche.
Dans un communiqué, la Fédération internationale de
l'automobile (FIA), qui a pris l'initiative de cette convocation, a précisé que
celle-ci faisait "suite à l'incident qui s'est produit
lors du dernier tour du Grand Prix d'Autriche et aux incidents survenus lors de
la cérémonie de podium."
Cependant les règlements de la FIA n'interdisent pas
spécifiquement les consignes d'équipe en Formule 1 : "Il
est parfaitement légitime pour une équipe de décider qu'un de ses pilotes se bat
pour le titre et que l'autre l'aide", a déjà statué dans le passé le
Conseil mondial.
Cette
affaire n'aura pas fini de faire scandale, et surtout de faire à l'écurie
Ferrari, qui pour moi n'avait aucune raison valable pour faire gagner Michael
Schumacher face à Rubens Barrichello. L'allemand avait tellement honte de cette
victoire, qu'il a donné son trophée à Barrichello en le faisant monter sur la
première marche pour cette victoire morale remportée par le brésilien.

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